Billet du Conseil Communal du lundi 19 février 2024

Le fléau de la drogue : un problème de santé publique !

 Retenons un seul point de ce conseil communal, l’interpellation d’André du Bus, suite à la réunion d’une ‘Task force’ relative à la prévention et la prise en charge, dans notre commune, des personnes qui souffrent de dépendance, notamment à la drogue.

 Nous avons appris par la presse la tenue d’une « Task Force » sur le thème des drogues et assuétudes à Etterbeek. Si nous pouvons apprécier et soutenir cette initiative qui prend en considération un réel problème de société, nous souhaitons mieux connaître non seulement les résultats de cette réunion mais surtout le suivi envisagé et les acteurs qui seront impliqués.

Comme ce sujet touche d’une part de nombreuses compétences, à la fois de sécurité, de santé, de prévention, d’éducation, de jeunesse, de culture, de propreté publique, sans oublier les compétences sociales, et concerne d’autre part quasi tous les milieux avec une prépondérance pour les tranches d’âge plus jeunes, il n’est pas aisé de déterminer le fil conducteur d’une action à ce point transversale.

Dans le dernier numéro de la Vie Etterbeekoise, nous pouvons lire que l’objectif n’est pas d’élaborer un énième plan d’action, mais bien de mutualiser les connaissances et expériences pour y apporter des réponses coordonnées et adaptées au niveau local.

Dès lors, concrètement, comment cette coordination se manifeste-t-elle ? On imagine difficilement qu’elle ne se matérialise pas par des adaptations méthodologiques, des modifications d’agenda, des évolutions d’actions stratégiques, voire de nouvelles actions. L’article fait mention d’amélioration de la formation des agents de terrain, de campagnes d’information, du renforcement des maraudes mixtes, Pouvez-vous nous éclairer davantage sur ces aspects ?

D’autre part, l’article évoque la création d’une antenne locale de l’asbl Transit. Cette association est reconnue pour son professionnalisme en la matière. C’est donc une excellente chose que de nouer un  partenariat structurel avec Transit. Si le sujet de la création d’une antenne locale reste sensible, sachez que nous soutenons l’initiative. Mais pouvez-vous également fournir davantage d’éléments à propos de cette antenne locale ? Son emplacement, son financement, l’équipe d’encadrement, son fonctionnement…

Enfin, disposez-vous d’éléments précis permettant d’objectiver l’évolution du problème de la drogue à Etterbeek ? Évolution des lieux d’échanges : emplacements, nombre, fréquentation ; évolution du nombre d’arrestations ; évolution des faits de violence directement liés à la drogue, etc.

Le Bourgmestre donne une réponse en deux temps :

  • Aspect général sur la Région bruxelloise : insuffisance des logements sociaux (liste d’attente de 45.000 ménages) et d’abris de nuit. Saturation du réseau d’accueil des demandeurs d’asile et situation des personnes sans titre de séjour insuffisamment gérée par le Fédéral. Saturation et découragement des services sociaux de 1re ligne et de santé mentale.
  • Forte hausse de la consommation de crack (cocaïne) par les publics précarisés ; crack qui est très dangereux pour la santé. Augmentation de la criminalité liée aux bandes rivales et réseaux de trafic de drogue.
  1. Sur Etterbeek, les services de prévention ont recensé environ 300 personnes sans abri et on constate que l’on consomme de plus en plus ouvertement dans l’espace public : à Mérode, à Jourdan, et point d’attention au Cours St Michel.

Le Bourgmestre a trouvé inspirant les projets-pilotes au Portugal où on décriminalise la consommation si le consommateur accepte une dissuasion et une prise en charge socio-sanitaire globale. Il croit très fort à la recherche de pistes de solutions adaptées au contexte Etterbeekois et basées sur la flexibilité, la proximité et le respect de la dignité des personnes concernées. La task force a retenu trois axes de travail :

  • La formation du personnel communal et des différents intervenants socio-sanitaires et de sécurité : les consommateurs, ce sont d’abord des victimes ; il convient de les aider plutôt que les criminaliser.
  • Une réflexion sur l’ouverture d’une salle de consommation à moindre risque (SCMR) : cela ne résout certainement pas tous les problèmes, mais on sort de la rue les personnes qui se piquent en public et on vérifie la qualité des produits consommés et l’état de santé des personnes.
  • La mise en place d’une coordination locale : travailleurs sociaux publics et associatifs, agents de prévention, policiers, services de santé mentale, etc.

André du Bus Chef de groupe
Louise-Marie Bataille Conseillère communale